Média Motus

1ere Média Motus

Présentation

Dans la course aux élections présidentielles, le parcours des candidats est toujours semé d'embûches. Tous les coups sont tordus, un journaliste d'investigation en fait hélas les frais.

Le capitaine Valentin Martin et sa compagne la charmante Carole Samba, médecin légiste, ne pourront pas éviter d'entrer dans la mêlée avec les risques que cela comporte.

Ils découvriront les dessous pas très propres d'une campagne acharnée et, dans les coulisses du pouvoir, des personnages ivres d'ambition et pervertis. Si chantage, mensonge, dissimulation sont les ingrédients essentiels, machination est le maître mot d'un complot machiavélique.

Tout commence par un banal accident de moto.

Préface par Angéla Nache Mamier.

Média Motus

Transaction.

Séoul 1989.

- Je vous ai vu prendre des clichés, cette nuit. Que comptez-vous en faire ?

- Ils sont à vendre au plus offrant, il y a de la demande.

- Je veux d'abord m'assurer de la qualité.

- Pas de problème, ils sont déjà développés, je les ai ici, une pellicule, j'ai trente-six négatifs.

- Montrez-les-moi.

- La qualité est impeccable, malgré la pénombre, du 800 ASA, un grain infime, superbe.

- Votre prix ?

- 5 000 F le cliché.

- L'ensemble ?

- 36 fois 5 000, 180 000.

- Toutes ne sont pas exploitables, je vous en donne 120 000.

- 150 000 F, un prix d'ami.

- Demain, même lieu, même heure.

- OK, en espèces, cela va de soi.

- Vous me laisserez votre carte, si j'ai besoin de vos services, ultérieurement.

Repérage.

Vendredi 21 juin.

« Mesdames et Messieurs, dans quelques instants, nous allons nous poser à Montpellier-Méditerranée. Veuillez ne pas détacher votre ceinture de sécurité tant que l'avion ne sera pas totalement immobilisé. Nous vous remercions d'avoir choisi notre compagnie Air.fr.com pour votre voyage. Il est 14 h 20, la température extérieure est de 26° sous abri, le temps est ensoleillé. Veillez à ne rien oublier sous votre siège ou dans votre compartiment à bagages. Air.fr.com vous souhaite une bonne journée et espère vous retrouver très prochainement sur ses lignes... Ladies and gentlemen... »

Le voyage depuis Caracas s'est passé sans incident. Pas de turbulence, pas de retard. Pas de problème à la correspondance à Paris-Charles de Gaulle. Tout est parfaitement en ordre. Il s'est préparé au décalage horaire, en avançant son cycle de sommeil pendant les trois jours précédant son départ, trois jours sans café, il n'en prendra qu'à son retour. Peu important. C'est serein, reposé et en possession de tous ses moyens qu'il arrivera à son rendez-vous. Normalement, il est prévu qu'on l'attende de l'autre côté de la zone de débarquement.

Il déplie son mètre quatre-vingts du siège, lentement, ne pas brusquer son corps, le réveiller progressivement de cette torpeur liée à la longue position assise. Il défroisse son pantalon de costume gris anthracite d'un geste sec et précis de la main, enfile la veste qu'il récupère dans le compartiment à bagages. Il prend sa valise de cabine, couvre son regard noir de ses lunettes de soleil et patiente dans la queue pour sortir. Il n'a pas pris de billet en classe affaires, pour mieux s'intégrer dans la foule : la discrétion en mission est le gage du meilleur anonymat.

Il identifie son contact sitôt qu'il franchit le sas des arrivées : un jeune homme brun en jean poncé vieilli et chemisette claire à carreaux qui présente une affichette à son nom, fixée sur un panneau à l'enseigne d'une entreprise de location de voitures. Il le rejoint et se présente.

- Je suis Paul Sablais.

- Suivez-moi.

L'homme le conduit sur le parking P2 où les attend une Mercedes Classe E blanche.

- Juste une signature et je vous remets les clés.

Paul paraphe le document sans le lire, mécaniquement. L'homme lui donne les clés et une enveloppe en papier kraft.

- Ma livraison est faite, je vous quitte, bonne journée, monsieur. On m'a aussi remis un sac de randonnée pour vous, il est dans le coffre.

Dans la voiture, Paul Sablais ouvre l'enveloppe. Le premier document lui indique les coordonnées de son hôtel. Il les entre immédiatement dans le GPS. Parfait. Il étudiera le reste des documents plus tard. Il démarre. La voix électronique le guide pour rejoindre la route de Mauguio, traverser Lattes par l'avenue de l'Europe et le conduire à l'hôtel Myriad situé dans la zone industrielle de Tournezy. Les quatorze minutes de trajet lui semblent infimes. 15 heures. Il est un peu trop tôt pour prendre possession de sa chambre. La zone est calme, il stationne son véhicule sous un pin parasol et prend connaissance du reste du contenu de l'enveloppe concernant son rendez-vous : des emplois du temps, une photo, un téléphone portable. Il connaît déjà les modalités de son intervention. Normalement, le sac de randonnée contient tout ce qu'il faut, mais il préfère vérifier maintenant, ce qu'il s'empresse de faire. Son client habite à Frontignan. Le GPS l'y conduit sans difficulté. Il arrive à la dernière maison d'une étroite rue en pente, juste avant des vignes : un endroit calme et peu fréquenté. La voie est prolongée d'un chemin empierré qui monte vers la Gardiole en traversant le vignoble muscatier. Il gare sa voiture derrière la propriété, à l'entrée du champ situé en amont, sous un superbe olivier dont les branches dépassent généreusement du mur de clôture. Il ne voudrait pas gêner le passage d'un éventuel véhicule en stationnant dans le chemin. Il sort de sa Mercedes. Il a conservé ses lunettes de soleil, il enfile des gants de cuir fin et pose un Panama sur son crâne rasé. Il prend le sac dans le coffre. L'odeur de terre sèche et de pierre brûlée lui monte agréablement aux narines. Des cailloux blancs et anguleux crissent sous ses pas. Quelques cigales chantent bruyamment, un peu plus loin dans des pins, comme pour fêter l'été qui s'annonce. Il longe le mur crépi de couleur jaune paille, de la hauteur d'un homme. Les volets roulants de l'habitation sont ouverts. Personne. Il teste la serrure du portillon à mi-hauteur : fermée à clé. La boîte aux lettres est au nom d'Éva et Eddy Corado. Les informations concordent avec les indications contenues dans l'enveloppe. Plus bas, le portail coulissant est verrouillé. Il identifie facilement le système électrique à télécommande, reconnaissable au feu de sécurité jaune visible de l'extérieur. Il lance plusieurs pierres dans la propriété pour s'assurer de l'absence d'un chien de garde. Pas d'aboiement. À première vue, pas de caméra de surveillance. Pas de vis-à-vis avec le voisinage : les volets du premier étage de la seule maison qui a vue sur la rue sont clos. Il fait demi-tour, considère le portillon et l'escalade agilement. Il ne prend pas le temps de contempler la villa agrémentée d'une élégante piscine en forme de haricot, parfaitement exposée plein sud et bordée d'une rocaille généreusement garnie de plantes méditerranéennes. Il remarque simplement que la haie de lauriers roses derrière le mur pourrait lui être utile, plus tard, si nécessaire. Sans hésitation, il se dirige vers le boîtier de commande du portail coulissant qu'il vient de repérer. Il ouvre la porte de l'armoire électrique et repère le fil d'alimentation. C'est un jeu d'enfant pour lui. Il provoque un court-circuit avec un tournevis qu'il a pris dans son sac. Il referme la porte, sort de la propriété aussi vite qu'il y est entré. Satisfait, Paul Sablais remonte dans sa voiture. Il passe de nouveau devant le collège des Deux Pins sur sa gauche, descend l'avenue des Viviers et l'avenue Pasteur, dépasse le Cinémistral installé dans la maison Mathieu, la poste, la pharmacie et le poste de police pour déboucher sur l'avenue du Général de Gaulle. Direction le port via le boulevard Victor Hugo. La saison n'est pas encore commencée, il y a encore un peu de place pour stationner sur le parking proche du Barracuda, le bar-restaurant au bord de l'eau. Paul Sablais descend de sa voiture, un peu de marche lui fera aussi du bien. Il longe le quai d'accueil, décontracté comme un représentant de commerce qui aurait fini sa journée, sa veste jetée sur l'épaule. Il passe devant la station de carburants des plaisanciers, découvre la petite marina du bassin est de l'autre côté du chenal, contourne l'imposante construction vitrée du bar-restaurant. Puis il suit le bord de l'eau, les différents accès aux pontons, se rend jusqu'au dernier où quelques bateaux de pêcheurs sont amarrés. La présence d'oursins facilement repérables lui semble être le gage de la qualité de l'eau. Plus loin, des bouées et des filets sont rangés dans de grands containers semblables à ceux utilisés pour les ordures ménagères. Un bloc sanitaire se dresse juste à côté. L'endroit est accessible en voiture par l'avenue des Frégates. Il en a assez vu. Parfait pour lui. Il retourne à sa voiture par l'avenue Vauban. Il peut aller à son hôtel, pour préparer « l'entretien » avec son client dans la soirée. Les renseignements qu'il lit sur Eddy Corado sont succincts mais suffisants. Nom, adresse, taille, photo, véhicule, emploi du temps prévu durant ces deux jours pour lui et pour sa femme. Si tout se passe bien, il pourra avoir son rendez-vous dans la soirée. Il lui suffira d'être patient. C'est un rendez-vous entre hommes...

Choc.

Frontignan, 23 h 45.

À la maison des vignes.

Paul Sablais est en planque depuis trois quarts d'heure maintenant. Au loin, un réverbère diffuse une lumière blafarde. Il a vu arriver Éva qui, comme prévu, n'a pas pu faire coulisser le portail automatique. Elle a donc stationné sa voiture devant l'entrée. Il l'a entendu pester après ces mécanismes modernes qui tombent toujours en panne, selon elle. Elle vient de rabaisser les volets roulants de la maison, ceux-là fonctionnent. Paul entend le ronronnement d'un moteur, au loin. La nuit porte mieux les sons. Il se dissimule sur le côté de la voiture d'Éva. Le bruit se rapproche, la voiture ralentit, c'est bien celle d'Eddy, une 308 bleue. Arrivé au niveau de celle d'Éva, le conducteur a une hésitation et se gare devant celle-ci en faisant une marche arrière. Sorti de nulle part, Paul est déjà au niveau de la portière de l'auto d'Eddy quand il l'ouvre. Il descend de sa 308.

- Eddy ?

- Oui, qu'y a-t-il ? Mais dites-moi, on se connaît ? répond-il d'un ton étonné.

- Je suis un de vos voisins. Je suis en panne un peu plus bas, une histoire de batterie, je suppose. J'ai des câbles.

Il les tient à la main, les montre à Eddy comme pour prouver son désarroi et sa bonne foi. Il reprend :

- Je suis vraiment ennuyé, à cette heure-ci, il n'y a plus personne. Pourriez-vous simplement approcher votre voiture de la mienne, il n'y en a que pour quelques instants.

- Ça ne m'arrange pas, il est tard... Bon, entre voisins, dit-il en soupirant. Vous savez faire ça ?

- Oui, pas de problème. Mon véhicule est juste un tout petit peu plus bas, la première voiture en haut de l'impasse, c'est à deux pas.

À peine Eddy s'est-il retourné pour remonter dans sa voiture qu'il reçoit un terrible coup derrière la tête. Le choc est d'une extrême violence. Eddy n'a même pas le temps de pousser un cri. Son agresseur le soutient pour l'empêcher de tomber. Il dépose son corps sur la banquette arrière, récupère les clés et le couvre d'une couverture qu'il a prise dans son sac. Il s'installe sur le siège conducteur, démarre, manœuvre silencieusement. Au rond-point du collège, il tourne sur sa droite, emprunte l'avenue Calmette, puis il s'engage rue de la Coste et remonte le chemin de Gigean jusque dans les vignes. Là, il s'arrête pour continuer sa sinistre mission.

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Roman Policier

240 pages, format 11x18 cm, 10,00 €

Couverture :

Impression quadrichomie sur fond noir, pelliculage brillant.

Feuillets :

Impression noir et blanc recto verso, Papier offset blanc 80g, Reliure dos carré avec mors latéraux collés, double rainage d'aisance.

Imprimé en FRANCE

ISBN 978-2-9538372-1-6

Dépôt légal avril 2015

éd Marco-Libro

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